"War child" EMMANUEL JAL

Publié le 27 mai 2010 par legreffierquironflotte.over-blog.com

Note : 5/5

J'ai découvert Emmanuel Jal en Italie, alors que je cherchais au hasard un livre dans les rayons d'une librairie gigantesque à Milan qui aurait pu tromper l'ennui lors de mon loooooooong vol pour la Nouvelle-Calédonie. Et mes yeux tombèrent sur la couverture jaune et la photo d'un jeune homme, main ouverte sur le coeur. Le titre d'abord, puis le sous-titre ensuite un peu "gnan gnan" me firent un peu hésiter. Je crains ces phrases prémâchées qui visent à séduire facilement la fragilité médiocre du coeur... Mais je me suis dit : "dans le fond, tu te cherches un livre de vacances, une écriture facile et accrocheuse, te prends pas la tête" OK : livre acheté. Et quelle révélation mes enfants !

J'ai tremblé, j'ai eu peur, j'ai pleuré -beaucoup-, j'ai admiré et surtout je n'ai jamais oublié cette histoire.

Memoire d'un enfant soldat

Figlio della guerra raconte la vie terrible, bouleversante et courageuse d' Emmanuel Jal, un enfant soldat, éduqué aux coups de fouet de l'horreur, aux meurtres, enrôlé à l'âge de 7 ans par l'Armée de Libération du Peuple Soudanais. Il nous raconte tout. Et on vit ce "tout" avec lui, on connaît sa Haine, cette Haine qui l'a rendu fort pour sa survie mais qui l'a détruit.

Ce petit de sept ans, qui dit ne pas réussir à tenir son fusil trop lourd, doit pourtant obéir à la seule règle en vigueur : tuer. On en apprend plus sur le Soudan, le Darfur, sur ses réalités atroces, sur la manipulation -une fois de plus- des médias, sur l'impuissance des aides humanitaires et surtout, rien de nouveau, mais on apprend, encore et encore, que toute cette fange innommable découle des conflits d'intérêt pour l'exploitation du pétrole dans ce pays...

Et vive la nature humaine !

Il sera un de ces innombrables Enfants Perdus du Soudan. "Les enfants devraient aller à l'école et non combattre : ils perdent la vie même s'ils survivent". " Raconter mon histoire a été dur, j'ai même parfois éprouvé une douleur physique après avoir libéré des souvenirs enterrés en moi. Le sang coulait de mon nez et je ne parvenais pas à l'arrêter [...]"

Mais Emmanuel Jal c'est aussi, une écriture discrète, profonde. La musique a été sa façon à lui de s'extirper de l'enfer de son enfance pour apprendre à vivre différemment. Et sa vie est une odyssée.

Et autant vous dire, qu'après une lecture de ce genre, on essaie de relativiser un peu ses petits bobos quotidiens qui résonnent si ridiculement...